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Terres Inovia teste le semis de féverole de printemps à l’automne

Terres Inovia partage ses résultats d'essais concernant le semis de féveroles de printemps à l'automne.

Dans le cadre du projet Cap Protéines +, l’institut technique travaille le décalage de semis de la féverole de printemps à l’automne afin de limiter les effets des stress hydrique et thermique sur la culture. Retrouvez les premiers résultats d’essais de la campagne 2024-25 .

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« Certaines variétés de féveroles de printemps présentent une faible teneur en vicine-convicine, contrairement aux variétés d’hiver. Ces facteurs anti-nutritionnels engendrent une diminution de la digestibilité de la féverole chez les monogastriques, qui altère, par exemple, les performances de ponte chez les poules pondeuses. Chez l’homme, ils peuvent entraîner des réactions hémolytiques pour les personnes atteintes d’un déficit en G6PD1 », indique Cécile Le Gall, chargée d’études agriculture bio et environnement chez Terres Inovia.

« La demande du marché biologique pour des variétés de féverole sans vicine-convicine est donc importante aujourd’hui. Elles se montrent plus adaptées au marché des fabricants d’aliments du bétail biologique, majoritairement tourné vers la volaille, et indispensables en alimentation humaine. »

Mais produire de la féverole de printemps sur sa période de culture "classique" est difficile aujourd’hui, du fait d’une augmentation tendancielle des stress thermiques subis sur la période début floraison-fin du stade limite d’avortement, note Cécile Le Gall. L’impact devient significatif à partir de plusieurs jours au-dessus de 25°C (coulure de fleur, mauvais remplissage des graines…). La culture est également sensible au stress hydrique, qui peut amplifier les effets des fortes chaleurs.

S'adapter au semis de la féverole d'hiver

Dans le cadre du projet Cap Protéines +, Terres Inovia et ses partenaires ont donc réfléchi à une stratégie d’esquive : précocifier la date de semis pour avancer la date de floraison et ainsi échapper aux périodes de fortes chaleurs et/ou sécheresse pendant la phase de sensibilité de la féverole.

« La période janvier-février pouvant être délicate vis-à-vis de la portance des sols et des conditions d’humidité, l’idée est plutôt de semer sur le même créneau que ce qui se fait aujourd’hui pour la féverole d’hiver : entre le 10 novembre et le 10 décembre. » 

Cela pose cependant la question de la tolérance au froid des variétés de printemps : « la plante est sensible quand elle subit des épisodes de froid < - 5°C après avoir engagé sa phase d’initiation florale, or ce risque semble diminuer sur les dernières décennies, observe Cécile Le Gall. Le gel de l’apex peut provoquer aussi la perte de la tige principale, mais la féverole est capable de mettre en place des processus de compensation, via ses ramifications ».

Un impact limité du gel

L’institut technique a mis en place 8 essais sur la campagne 2024-25, avec des semis étalés du 15 novembre au 20 décembre, compte-tenu des conditions pluvieuses de l’automne. Ils mettent en comparaison des variétés de printemps (Tiffany, Nakka, Synergy, Callas) et des variétés d’hiver (Axel, Nairobi, Diva, la référence en termes de tolérance au froid), avec une densité de semis de 35 graines/m².

« Sur l’essai de Barges (Côte-d’Or), site le plus à l’Est, plusieurs épisodes de froid ont dépassé les - 5°C au stade végétatif, entraînant le jaunissement des feuilles, mais cela s’est rétabli au bout de 3 semaines. On a observé aussi quelques gels d’apex sur les variétés de printemps et sur Axel, sans qu'ils pénalisent, pour autant, le développement des plantes. En ce qui concerne la phase florifère, il n’y a pas eu de températures en dessous des - 5°C. Les féveroles ont montré leur capacité de ramification dans tous les essais sauf un, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Les essais mis en place pour cette campagne 2025-26 permettront de confirmer cela. »

Dans les essais, un semis à la même densité que les variétés de type hiver (35 grains/m²) semble suffisant. 

En ce qui concerne la floraison des variétés de printemps, les équipes de l'institut technique ont remarqué un écart de 3 semaines entre un semis à l'automne et un semis au printemps. « Ce décalage a permis de limiter fortement le stress thermique subi, en revanche, les stress hydriques n'ont pas été évités », précise Cécile Le Gall. 

Pour ces essais 2024-25, « les variétés de printemps obtiennent des niveaux de rendements similaires aux variétés d'hiver. En effet, Synergy et Callas rivalisent avec Axel, et Callas affiche le meilleur rendement moyen en 2025 (29,8 q/ha). Ces résultats sont encourageants, mais restent à confirmer sur une deuxième année de tests. »

1. G6PD : Glucose-6-phosphate déshydrogénase, enzyme importante pour le maintien de l’hémoglobine.

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